Interview sport : dans l’intimité d’un parieur professionnel

By Anne-Charlotte Rouxel-Oldra | 6 years | March 7, 2019

Anthony a 33 ans. Il vit à Lyon. Parieur professionnel depuis 11 ans, il est le fondateur du site Combimultisport.com, spécialisé dans les pronostics sportifs. Fan de football, c’est dès son plus jeune âge que ce « Tipster » se découvre un talent pour les paris sportifs. Rencontre avec un crack de la bankroll.

Anthony, tu es parieur professionnel depuis 11 ans. Peux-tu m’expliquer ton métier?

En France on n’a pas vraiment de statut légal mais dans certains pays comme en Angleterre et en Suisse les parieurs professionnels sont considérés comme des professionnels du sport. Mon métier n’a rien à voir avec les gens qui misent au loto foot ou à l’Euromillion par exemple. Pour moi, il y a un réel enjeu. Les bookmakers fixent des cotes grâce à des algorithmes et à des statistiques faites par des traders. Mon but, c’est d’être plus fort qu’eux en misant sur les bonnes cotes. Statistiquement, il y a moins de 5% des joueurs qui ressortent gagnants face aux bookmakers mais j’en fais partie 🙂

Comment es-tu devenu parieur professionnel?

Ça s’est fait naturellement. Quand j’avais 15 ou 16 ans, mon père m’a fait parier 1€ avec des copains. Comme j’étais fan de football, j’y ai vite pris goût. Ensuite je passais du temps sur des forums où on parlait entre parieurs et avec le temps je voyais que j’avais un potentiel. Les copains du forum me demandaient systématiquement mes pronostics. J’avais vite laissé tombé l’école, je n’avais pas de diplôme. Alors un jour, j’ai décidé d’essayer plus sérieusement et vers 18 ou 19 ans, je suis devenu parieur pro. Mais c’est à partir de 21 ans que j’ai réellement commencé à en vivre.

Peux tu nous décrire ta journée type de travail ?

Le matin, au réveil, je lis la presse sportive, les réseaux sociaux des joueurs et toute l’actualité liée au football pendant au moins 1 heure. Ensuite je cible quelques matchs qui m’intéressent et je pars faire du sport. Ça me permet de réfléchir à mes pronostics. Après j’analyse les éléments et les statistiques. Je me nourris de plusieurs bases de données, du contexte, de l’actualité… etc. Il y a de nombreux critères à prendre en compte. Avec les années, j’ai les bons réflexes et mes petites habitudes. Après déjeuner je rejoins Matisse, un de mes associés. C’est notre expert en tennis. On fait un briefing de toutes nos décisions. En fin de journée je valide mes pronos et je les publie sur mon site (ndlr combimultisport.com). Et le soir j’anime le canal Telegram en accès libre pour tous ceux qui souhaitent profiter de mes conseils et analyses gratuitement (ndlr : t.me/combimultisportpronos). Mon but est de donner à mes abonnés de bons outils et de leur apprendre à gérer leurs émotions et leur bankroll.

Qu’est ce que ça t’apporte au quotidien?

Etre gagnant aux paris sportifs a bouleversé ma vie. Je viens d’un milieu très modeste, je n’ai pas fais d’études et je n’ai pas de diplôme. Sans les paris sportifs j’aurais sans doute travaillé à l’usine. Depuis que j’ai 20 ans, grâce à mes paris et à mes gains, j’arrive à assumer financièrement toute ma famille. Pour moi, c’est une source de motivation énorme de voir que je peux offrir à ceux que j’aime une vie meilleure.

Qu’est ce qui te plait dans ton métier?

La performance sans hésiter ! Se battre contre le bookmaker c’est excitant. Et puis savoir que je fais partie des 5% de parieurs gagnants c’est valorisant. Après il y a aussi de nombreux avantages : le salaire et l’indépendance. Je vis de ma passion du foot et je voyage quand je veux. Grâce à mon métier, j’ai vécu 1 an à Malte et 1 an en Angleterre et demain si je veux, je peux travailler au bord d’une plage à l’autre bout du monde car finalement j’ai juste besoin de mon téléphone et d’une connexion internet.

As tu d’autres perspectives d’avenir ?

Oui, mon nouvel objectif c’est pouvoir partager mes pronostics avec des passionnés comme moi. C’est devenu réel fin 2018 avec la sortie de mon site internet où mes abonnés peuvent avoir accès à une dizaine de mes pronostics par jour (ndlr : pour 29€ par mois).

Et les vacances ?

Je prends des vacances quand le foot l’est, c’est à dire en Juin et en Juillet. En hiver, je prends une semaine à Noël car il y a peu de matchs. Mais pour moi, mon métier est une passion donc je n’ai pas la sensation de travailler même si finalement je fais parfois des journées de plus de 12 heures ! Ça reste un vrai plaisir. C’est fatigant car il y a beaucoup de pression mais j’adore ce que je fais.

Faut-il avoir le goût du risque?

Je pense que c’est essentiel. Les gens ont l’habitude à plus de stabilité au quotidien. Il faut savoir garder son sang froid. Quand j’avais 20 ans, je pensais être au top niveau mais en fait avec le temps je me rend compte, qu’aujourd’hui, je suis plus sage et que j’ai plus de recul. Les années d’expérience m’ont rendu meilleur dans mes choix et dans mon travail.

Quelles qualités faut-il pour exercer ton métier?

Je pense qu’il faut être discipliné, bon en maths et avoir une bonne hygiène de vie. C’est essentiel pour être lucide et bien dans sa tête. Moi le sport ça m’aide à garder les idées claires et à rester serein même en cas de perte. Je pense qu’il faut aussi ne pas être trop vulnérable pour ne pas sombrer dans la maladie du jeu et dans l’addiction.

Qu’est ce qui distingue un parieur professionnel d’un parieur amateur?

N’importe qui peut gagner un pari et même parfois avec une grosse cote. Les bookmakers aiment bien mettre en avant les belles histoires mais pourtant il y a une réelle différence. Le parieur pro c’est sur le long terme. Il connait l’actualité sport sur le bout des doigts et il a une vraie stratégie de mises. Pour le parieur amateur, c’est un loisir occasionnel.

En moyenne, combien gagnes-tu par mois?

Ça dépend des mois mais en moyenne je varie entre 10 et 12 mois de bénéfices sur l’année. En 2018, j’ai fais presque 110 000€ de profits nets. Chaque mois je mise environ 30000 €. Il y a des mois où je ne gagne pas grand chose et des mois où ça explose.

Comment affrontes-tu les périodes de perte?

Je les gère bien. Fin janvier c’était la pire semaine que j’ai eu depuis le mois de mai. J’ai enchaîné les poisses et c’était la catastrophe. Mais avant ça j’avais explosé mes bénéfices donc finalement ça a été bien amorti. Ca fait partie du métier.

Qu’est ce que l’ARJEL a changé pour toi ? (ndlr : Autorité de Régulation des Jeux en Ligne)

Jusqu’en 2012, il n’y avait pas de loi, du coup on pouvait s’inscrire sur tous les bookmakers en ligne. Depuis ils ont ouvert à la concurrence. On était trop contents et finalement ça a été la douche froide. De nombreux paris ont été interdits. L’état français prend de grosses taxes et les cotes françaises sont 20% moins importantes que chez nos voisins étrangers.

Comment vois-tu ton avenir? Tu comptes continuer longtemps?

Je ne vois pas pourquoi j’arrêterais maintenant [rires]. J’adore ce que je fais donc pour le moment ça me convient parfaitement ! Quand j’avais 20 ans je m’étais fixé un plafond de gains à atteindre mais finalement je l’ai largement dépassé et je pense continuer au moins 10 ans de plus. Et désormais j’ai une nouvelle aventure qui commence avec combimultisport, les abonnés me donnent de très bons retours c’est gratifiant.

Il y a une recrudescence de sites internet proposant des pronostics. Quelle différence avec ton projet ?

Effectivement. En fait c’est assez grisant car plusieurs opportunistes ont senti le bon filon. Des stars de la télé-réalité aux diplômés d’écoles de commerce, nombreux sont ceux qui vendent aujourd’hui des abonnements pour accéder à leurs pronostics. Mais là dedans, aucun parieur pro. On se connaît tous entre nous. Ces personnes utilisent parfois des procédés malhonnêtes en falsifiant leur résultats ou leur soi-disant écrans d’ordinateurs. Il faut rester vigilant. Conseil : demandez des vidéos sur smartphone des preuves des gains si vous avez un doute (et pas sur ordinateur !).

Sources :
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